Posted by on Mai 24, 2015 in La crique des trépassés | 0 comments

Le texte ci-dessus est « le compte rendu » d’une rencontre entre deux PNJ’s de la campagne, avant les derniers événements décisifs de celle-ci.
Aucun membre n’a été témoin de celle-ci, elle est donc purement là pour vous aider, une fois encore à mieux comprendre.

La nuit était tombée depuis un moment déjà, lorsque Katherine entreprit de quitter le dortoir le plus discrètement possible. Une fois à l’extérieur du repaire, elle marcha un long moment jusqu’à la berge…

Le temps était maussade, comme d’habitude depuis des semaines, la pluie tombait et les vagues se fracassaient sur les rochers et les épaves qui se désagrégeaient toujours un peu plus. Elle s’assit finalement, dans l’abri de fortune que lui fournit une ouverture dans la roche… Elle tenait entre ses mains l’un de ses carnets soigneusement emballé dans sa pochette de cuir… Elle attendit.

Combien de temps s’écoula avant qu’elle n’apparaisse, elle ne saurait le dire elle-même.

Elle s’assit silencieusement à ses côtés, le regard tourné vers la mer. Finalement, brisant le silence, Katherine s’adressa à elle :

Katherine : « Que cherches-tu au fond ? Ce temps maussade est-il à l’image de tes sentiments ?… »

Annabelle sourit.

Annabelle : « Cela peut te paraître paradoxal, mais c’est lorsque la mer était en furie que mon père ne pouvait plus assouvir ses noirs desseins… Les bateaux ne prenaient pas la mer par ce temps. Il ne pouvait donc pas les atteindre… »

Katherine : « Je croyais que tu ne savais pas pour ton père… »

Annabelle : « Je ne savais pas beaucoup de choses en effet. Je ne savais pas qu’il avait créé les Naufrageurs pour satisfaire ses petites lubies macabres… Par contre, je savais qu’il coupait le phare à certains moments… Ce qui pour un gardien, n’a aucun sens, sauf si le phare est… en panne. Et souvent, je pouvais apercevoir une épave en plus à l’horizon. Une épave de plus à sa « collection ». Mais je ne savais pas que sa folie l’avait menée aussi loin… »

Katherine : « C’est étrange que tu te confies à moi » fit-elle en se retournant vers la silhouette blanche à ses côtés.

Annabelle : « En effet. C’est comme si j’avais l’impression que quelque part on avait eu une destinée semblable, mais que toi, tu avais réussi à … te défaire de tes liens en restant en vie. J’aurai aimé pouvoir le faire… ».

Katherine rit doucement  … : « Un père grandiloquent et légèrement sadique pour lequel j’avais néanmoins une admiration et un respect sans borne ? … Il y a un peu de ça. J’ai voulu le tuer tant de fois, lui faire payer ce qu’il avait fait à ma mère… Mais je n’ai jamais pu lui avouer… Rien, et finalement, c’est le destin qui a provoqué sa fin et je n’ai rien pu faire. Et maintenant, il me manque, c’est pathétique ».

Annabelle : « Je crois que je ne pourrais pas éprouver de peine si il disparaissait pour de bon. Je sais qu’il n’a pas toujours été ce fou et qu’il s’est enfoncé dans les ténèbres à dater du moment où … ma mère l’a abandonné pour retourner à la mer. J’imagine que c’est pour ça qu’il s’acharnait sur moi, il pensait sans doute que j’allais l’abandonner… à mon tour ».

Katherine : « Ta mère s’est suicidée en se jetant dans la mer ? »

Annabelle : « Non… Je n’étais qu’une toute petite fille quand elle a disparu. Tu sais, et tu connais les légendes de marins, … Parfois quand j’allais à la métairie, je les entendais raconter tant de choses sur elle. Qu’elle n’était pas de ce monde, trop belle ou trop éthérée pour cela… et que mon père l’empêchait de retourner auprès des siens… C’est idiot, certains pensaient qu’elle était une Selkie *Elle sourit à Katherine* ou quelque chose de ce genre. Et que mon père conservait sa parure dans un coffre noir… Ils racontaient aussi qu’elle ne l’aimait pas…»

Katherine semble se prêter au jeu : « Une Selkie … Cela faisait longtemps que je n’avais pas entendu parler de ces créatures. Surtout depuis qu’il y a eu la « purge » des sirènes, il y a une dizaine d’années ».

Annabelle : « Ils ont assassiné toutes les sirènes ? » *fit-elle avec étonnement*

Katherine : « Toutes, je ne sais pas, mais il n’en reste plus à Vylbrand, elles ont dû fuir vers d’autres continents… ».

Annabelle : « J’imagine qu’ils considéraient cela comme justifié… Et j’imagine aussi très bien qu’ils ont pu considérer qu’elles étaient coupables de tous les maux de la mer… » *Elle hausse les épaules*

Katherine : « Les hommes aiment souvent se décharger sur quelqu’un d’autre de leur propre erreur et ignorance. C’est plus facile à vivre pour eux ».

Annabelle : « A la manière de tes « compagnons » qui m’accuse de tous leurs maux alors qu’ils sont totalement responsables de ce qui leur arrive ? »

Katherine : « Je… ne les connais pas depuis longtemps. Et pour la plupart, je les ai trouvés plutôt individualistes. Et ils m’ont donné l’impression d’un groupe sans aucune cohésion où les tensions étaient nombreuses et parfois fondées sur du vent ».

Annabelle : « Dès le départ où ils sont arrivé dans cette « maison », ils l’ont envahie de leurs mauvaises ondes. Toujours à se chamailler, s’engueuler, tous étaient empreint de secrets et de nombreuses culpabilités. Ils n’étaient pas des gens biens. Oh ça non… Mais je me suis habituée, j’ai tenté des fois de leur faire comprendre leurs erreurs quant à leur comportement vis-à-vis de leurs proches. Mais, au lieu de se remettre eux-mêmes en question, ils ont cru que c’était un moyen de les torturer. Certains n’étaient pas mauvais, pas tant que ça… » *elle hausse les épaules*

Katherine : « Mais ? Et les habitants de Brumée, ils méritaient cela ? »

Annabelle : *elle plisse les yeux* « Ce sont tous des aventuriers et des mercenaires. Ce sont tous des assassins qui clament haut et fort que leurs causes étaient justes quand ils ont tués. Ils ont tués, c’est tout ce qui compte. Le bien, le mal, ce n’est qu’une question de point de vue. La plupart n’ont jamais voulu assumer leurs actes et ont cherché la culpabilité en dehors d’eux-mêmes… C’était les ordres, c’était une question de vie ou de mort, c’était…*semble mimer un « blablabla ».

Katherine : « Et ne suis-je pas également une meurtrière, une pirate ? Et pourtant tu me racontes tout cela…Je ne comprends pas… » *Elle fronce les sourcils*

Annabelle : « Tu vas trouver cela peut être ridicule, mais tu n’es pas pareille. Car chacune des morts que tu as provoquée, je l’ai vu, tu l’as noté dans tes carnets. Tu les assumes, tu les as respectés et tu n’as pas cherché à rendre quelqu’un d’autre coupable de tes actes… ou même quelque chose, ou un état. »

Katherine fait la moue : « Je ne suis pas sûr de voir une différence, dans les faits. J’ai tué, point à la ligne. Je ne devrais pas avoir plus de crédit ».

Annabelle rit : « Rien que cette phrase n’est pas celle que la plupart dirons, tu vois. Ils diront toujours, j’ai tué MAIS…  Ils se cherchent des excuses parce qu’au fond ils éprouvent de la culpabilité pour leurs actes et ne les assument pas».

Katherine fronce les sourcils : « Oui, enfin, ne vaut-il pas mieux avoir de la culpabilité quand on tue une personne plutôt que comme moi, une absence de remords ? ».

Annabelle : « Regarde le jeune miquo’te, I’rkha. Il a tué Ania. Il a passé des heures à vouloir justifier son acte, à dire que c’était pour sauver une autre personne, que c’était un choix logique et justifié. Alors qu’au final, il avait aimé cette prise de contrôle sur la vie d’autrui. Mais il préférait dire le contraire. Et peu à peu se faire passer pour la victime… Et cela a marché ! Regarde encore, maintenant, plus aucun ne lui reproche cela, alors qu’au final, ce n’est pas moi qui ait plongé cet endroit dans le néant. C’est Ania qui a ouvert le portail réalisé par l’un d’entre eux. Par sa faute !… Et maintenant, ils ont tous oublié ce qu’ils avaient fait à cette pauvre femme.  Je ne nierais pas que cela m’a permis d’obtenir un pouvoir que je ne pensais pas pouvoir obtenir. Cela m’a permis de réveiller tous les souvenirs enfuit dans cette terre. De reprendre le contrôle…Et donc… de leur faire payer ».

Katherine : « Je suis arrivée bien après, je ne sais rien de ce qu’il s’est passé dans ce groupe… »

Annabelle : « La seule chose que je peux te dire encore, c’est que si ils s’amusent à m’accuser de tous leurs maux, comme les marins, les sirènes, je ne suis pas plus coupable qu’elle de leurs incompétences et de leurs malveillance intrinsèque ».

Katherine : « Malveillance, ce terme n’est pas un peu fort ? »

Annabelle lance un regard glacial à Katherine : « Ania a été assassinée et dépossédée de sa vie par une personne qui n’a même pas réfléchi à ses actes, I’rkha. Le « compagnon » de celui-ci a assassiné des dizaines de personnes pour ses expériences. Helena et Anden ont tué une personne pour prendre son corps, et transférer l’âme d’Helena à l’intérieur. Ils ont dit que c’était un accident. Ils ont à nouveau pactisé avec des démons, soit disant pour « sauver les autres »… jusqu’à être profondément corrompu et mourant. Leur « amie » Raelynn a alors décidé de les achevées – elle leur avait promis visiblement. Ainsi, sa compagne, Katrina n’ayant rien compris à la « noblesse du geste » a décidé de les venger, au détriment de nombreux enfants pour aider mon père dans sa folie… Elle a finalement utilisé les pouvoirs du gardien pour éliminer ses propres compagnons d’armes et des personnes étrangères à cette histoire qu’elle ne connaissait même pas, comme toi. *marque un temps d’arrêt*

Et après, je suis responsable de leurs problèmes ? Mais ces choses se seraient tout de même passées s’il n’avait pas été dans le néant. Si cette Katrina était prête à ces extrémités, elle aurait trouvé autre chose et elle aurait quand même assouvit sa vengeance dans le sang. Ils sont juste pathétiques et cela ne les sauvera pas ».

Katherine écoute religieusement le décompte effectué, en opinant de la tête.

Annabelle : « Ils ont nourri le néant de leurs propres malveillances. Si le néant s’est agrandit, c’est encore et toujours de leur faute, avec leurs engueulades, leurs agressivités réciproques. Ce n’est que maintenant qu’ils semblent essayer de s’entendre alors qu’ils ne sont plus qu’une poignée ».

Katherine : « Mais au fond, que veux-tu toi ? Enfin, je ne sais pas. Je sais bien que tu es morte, mais veux-tu à ce point te venger que de faire plonger peu à peu une zone de plus en plus grande dans le néant ? »

Annabelle : « Je n’en en effet absolument aucun scrupule de les faire plonger dans le néant. Leurs devenirs m’indiffèrent et je ne pense pas qu’ils manqueront à l’humanité ».

Katherine opine de la tête et fait la moue.

Katherine : « Je suis ravie de savoir que je suis condamnée alors. Je devrais essayer de positiver en sachant que j’ai compris beaucoup de choses sur l’histoire de ces lieux et de mes ancêtres… *soupire* … »

Annabelle : « Depuis deux jours, tu m’as permis de découvrir une partie de l’histoire qui m’était inaccessible, car dans le domaine de « mon père ». Je t’en suis vraiment reconnaissante. Et … »

Katherine : « Et pour ça tu vas me laisser sortir d’ici ? »

Annabelle rit : « Je n’ai aucun pouvoir sur le néant en tant que tel… Cela te surprend ? Le néant, c’est le portail. Moi je ne fais que teinter ce néant de mes propres souvenirs et celui-ci qui s’étend à ravivé d’autres entités qui l’ont à leur tour teinté de leurs souvenirs. Pourquoi certaines entités sont plus puissantes que d’autres ? Pourquoi certains ne sont que des souvenirs qui revivent tour à tour les moments de leur vie, comme ce pauvre William Dyer ? Je ne sais. J’imagine qu’il s’agit déjà de la puissance spirituel que l’un et l’autre avait de leurs vivants ».

Katherine : « Et tu avais une grande puissance spirituelle de ton vivant ? ».

Annabelle sourit : « Je n’en sais rien. Je sais que j’avais le don de soigner les corps et les esprits. Cela me venait de ma mère, semble-t-il. Je n’ai pas bien compris et je n’ai pas trouvé d’aide auprès de mon père… Mais j’aimais ce pouvoir, j’aimais les aider. Parfois, je pouvais voir dans l’esprit des gens des bribes de leur passé, je pouvais les comprendre… et ainsi les aider à résoudre leurs problèmes et atténuer leurs culpabilités ».

Katherine réfléchit tout en regardant le visage d’Annabelle avant d’ajouter : « Et ton père ? Il avait des capacités particulières de son vivant ? … Qui pourrait expliquer ce qu’il est ? »

Annabelle semble pensive : « Mise à part qu’il était envahi par les ténèbres depuis une quinzaine d’années… Avec son désir de tout posséder, tout contrôler… quelque part c’est sans doute pour ça qu’il semble aspirer la vie des êtres vivants qu’il croise, il veut simplement les posséder. Je ne voulais pas le revoir, mais peut-être qu’il faudrait simplement que j’aille lui parler…  ».

Katherine fronça les sourcils : « Tu penses que simplement en lui parlant, il finirait par… lâcher l’affaire ? »

Annabelle réfléchit quelques instants : « C’est possible… Il faudrait qu’il puisse rejoindre l’océan. Ca va te sembler stupide, mais il avait peur de l’eau… Il détestait l’eau et pourtant elle le fascinait. La mer, c’était … ma mère. Et donc, il voulait la posséder à sa place. *hausse les épaules et regarde Katherine*… Il est fou, il n’y a rien à ajouter. Il jetait tous les trésors dans la mer en pensant que ça la ferait revenir, que la lumière de ces richesses lui rendrait son épouse… ».

Katherine roule des yeux et se frotte les tempes : « Oui, c’est un peu trop psychanalytique pour moi là. Je ne vois pas comment se débarrasser de lui ».

Annabelle pianote sur les parois de la falaise : « J’ai une idée !… Mais avant… il faut que tu me promettes quelque chose ».

Katherine fronce les sourcils : « Oui ? »

Annabelle : « Serais-tu capable de naviguer sur la mer dans cet état ? »

Katherine se redresse, piquée au vif : «  Bien sûr ! Quelle question ! »

Annabelle : « Il faut aller à la faille… Celle où il a jeté le coffre noir qui contenait jadis la pelisse de ma mère. Il faut que tu le retrouves… C’est aussi là que se trouve enfermé l’âme d’Allan, en allant là-bas, récupère là par tous les moyens. Et peut-être qu’après, j’essayerai de vous aider pour le néant.  »

Katherine l’observe sans rien dire… avant d’ajouter : « Peut-être, c’est peu de garantie pour se donner beaucoup de mal non ? Et puis je n’ai pas de bateau ».

Annabelle : « Rubicante n’a aucun problème à créer des bateaux, il l’a déjà fait par le passé, il n’y pas si longtemps… Il n’y a qu’à lui demander ! Et je suis sûr qu’il pourra même protéger sa petite mère si elle plonge dans les eaux… Tu n’as donc qu’à la convaincre à venir avec toi, là-bas, faire une petite promenade…  » *sourit, amusée*

Katherine l’observe tranquillement, puis pliant ses mains : « Et qu’est-ce que j’y gagne à faire cela ? Que comptes-tu faire de moi ? Et d’eux après avoir récupéré l’âme de ton fiancé ? »

Annabelle qui ne s’est pas départi de son sourire, regarde le ciel : « Si tu me ramènes l’âme d’Allan, je pourrais lui redonner vie ; tout simplement ».

Katherine fronce les sourcils et se pencha vers l’avant et fit mine de réfléchir avant d’ajouter : « Être débarrassé de votre père, ne signifie pas que l’on pourra sortir d’ici, et en plus, vous me dites vous-même que vous ne pouvez pas détruire le néant. Et puis… vous parlez de rendre la vie à votre fiancé… Comment ? Au détriment de qui ?».

Annabelle lui sourit : « Cela ne vous concerne pas outre mesure et… vous ne sortirez pas d’ici sans faire quelques sacrifices ».

Katherine se relève et pose la main sur la roche : « Annabelle, j’ai beaucoup de respect pour vous et vous m’avez sauvé la vie. Cependant, je ne peux accepter toutes vos demandes sans être sûr que vous n’allez pas par la suite retourner cela contre moi. Je pense que vous avez besoin de mon aide, puisque sinon, si vous le pouviez, vous le feriez vous-même. Donc, j’ai besoin de savoir exactement ce que vous souhaitez faire une fois que nous vous aurons ramené votre fantôme… et ce que vous comptez réellement sacrifier. Sinon, je ne vous aiderais pas, même si cela signifie mourir ici. Nous serons donc toutes les deux perdantes ».

Annabelle sourit : « En effet… ».

Il semble que la discussion devait continuer pendant encore un long moment…

Finalement, Annabelle désigna une maisonnette, à la fenêtre de celle-ci une jeune femme rousse.

Annabelle  : « C’est elle, ma nouvelle vie, je compte sur toi !… Fais ce que je te dis et vous aurez la clé qui vous permettra enfin de sortir ici. »

Katherine : « Et tu me promets que je pourrais emporter tout ce que je souhaite d’ici ? Toutes ces histoires ? »

Annabelle  :  » Cela va de soit ! » *Elle semble radieuse*

Katherine se dirige alors vers la maison de l’inconnue.

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