Posted by on Fév 16, 2015 in Athanor | 0 comments

*Le carnet est relativement brouillon, une partie du texte semble être purement technique, mais de nombreuses notes sont ajoutées dans les marges, d’autres sont griffonnées, sans clarté, à la verticale. Ces écrits ne sont visiblement pas fait pour être lu par une autre personne que la main qui les a tracés.*

Dans les profondeurs de la nuit, assis à mon bureau, je me sens une fois encore observé. Je ne tournerai plus la tête, je sais qu’elle disparaîtra en l’espace d’un clignement d’yeux… Je ne peux exprimer si cela m’offre apaisement ou terreur. Comme si un étrange jeu s’était installé entre « Elle » et moi. Un jeu de piste… Je ne dors plus, je n’y parviens pas. La fatigue m’offre un état de semi-conscience dans lequel, je le crois, je peux percevoir des choses que je serais incapable en pleine possession de mon objectivité.

J’essaye de comprendre…

Dans les ouvrages « savants », j’ai toujours pu lire la définition laconique d’un… fantôme, comme étant « l’apparition surnaturelle d’une personne morte ». Outre que je me demande en quoi consisterait « l’apparition naturelle d’une personne morte », je ne peux que constater que cette définition n’a que peu de valeur puisqu’il s’agit de substituer à notre premier sujet, un second, tout aussi obscur. Le fantôme est une apparition, me voilà donc bien avancé.

Je peux cependant tirer quelques points communs à ces « fantômes » :

  • Ils semblent avoir une faible corporéité. Voir une totale incorporéité… Elle peut également fluctuer. C’est du moins l’impression qu’elle me donne. Ce qui les distingue des revenants-en-corps.

Note :  Je me pose ainsi une première question : Le fantôme semble être une manifestation d’une âme qui n’a pu trouver le repos et retourner à la mer des étoiles. Le revenant est un corps, mort, animé par une force, un « éther », différent du sien, il semble la plupart du temps dépourvu d’une âme et d’une conscience. Cependant, certains « morts-vivants » semblent tout de même conserver un semblant de conscience. Certaines personnes… Dans ce centre, peuvent visiblement prétendre à ce titre de « morts-vivants-pensants ».

 

Une autre chose m’apparait claire et cette différence me semble fondamentale : là où le revenant-en-corps, ce mort qui revient en utilisant son ancienne chair, refuse la mort. Le fantôme quant à lui, ne la refuse pas, il en fait partie, non, le fantôme refuse une seule chose : l’oubli.

 

Note : C’est pour cela qu’il me faut résoudre l’énigme qui entoure cet endroit. Si j’arrive à découvrir et à rendre leur passé à ces « fantômes »,
ils pourront peut-être s’apaiser et accueillir le repos.

 Autre chose semble caractériser les fantômes.

Note : Oui, je le sais pour avoir été « hanté » toute ma vie par son absence.

Le fantôme se caractérise plus par son absence que par sa présence. On les ressent plus qu’on ne les sent, on les devine, observé par un être qui se dérobe à toute tentative de dévoilement. Les revenants sont patauds, peut discrets, souvent agressifs, mais ils sont aisés à trouver et à détruire.

 

J’ai aussi souvent entendu le mot de spectre, s’il peut être utilisé comme synonyme, je le pense plus empreint de terreur que celui du fantôme qui ne revêt pas forcément d’agressivité.

 

Au fond, je pense que ce qui nous intrigue, ce qui les maintient eux-aussi n’est autre qu’un des sentiments les plus viscérale de notre condition : la peur. Elle est immense puisqu’en tant qu’être qui se targue d’être pensant, nous sommes les seuls à anticiper notre propre mort. Passé les années d’insouciances de l’enfance,  cette peur nous poursuit, cette terreur même, bruit blanc indifférencié qui entoure toute notre existence. En lui-même, le fantôme répond peut-être à une de nos angoisses : celle de combler le vide que la mort ou le néant créé dans notre esprit dès lors que nous y pensons.

 

Les fantômes… de cette maison. Sont-ils purement le fruit de notre imagination ? La hantise que nous ressentons dans ces lieux, serait-elle le fruit de ceux-ci ? Le souvenir de ce qui a pu se produire, qui aurait imprégné chaque parcelle jusqu’à créer ce malaise que nous ressentons. Mais cela reviendrait à donner une « âme » à un lieu de bois et de pierre. Pourtant les personnes qui ont dû périr ici… On peut être créé une brèche dans la réalité, quelque chose qui maintenant nous assaillent… Mais est-ce purement pas malveillance ou par vengeance ? Malgré la douleur que provoque l’apparition de ce visage aimé disparu il y a si longtemps, je ne peux m’empêcher de me dire qu’ « Elle » ne souhaite pas me faire du mal. Qu’elle souhaite juste qu’on se rappelle… qu’elle a existé ?