Posted by on Fév 8, 2015 in |

Par Athanor Fugiens

Assis à son bureau, la plume suspendue dans les airs, Athanor réfléchissait. Quelque part, il se disait qu’il allait laisser une part d’histoire sur ces quelques vulgaires feuilles. Une parcelle seulement, en perpétuelle évolution. Alors, au lieu de ne rien conserver et d’attendre les vérités que le temps donnera, il se mit à écrire…

« Sharlayan, un nom presque inconnu du tout-venant, un nom révéré par tous ceux qui ont fait du savoir leur raison d’être. L’Alma-Mater – je l’appelle ainsi, en tant que mère créatrice – est située dans l’archipel septentrional, au nord-ouest d’Aldenard. Sa particularité est que…  Sharlayan, considérée comme l’une des six cités-états d’Eorzéa, n’est en réalité qu’une colonie dans les Basses-terres de Dravania. Une colonie devenue au fil des années le centre de l’érudition éorzéenne. Ainsi, lorsque vous parlez bien souvent de la Sharlayan, il ne s’agit que d’un fragment. Un fragment lumineux pour la pensée du continent.

Athanor sourit de cette incongruité.

Sharlayan… La colonie bien aimée, érigée et dirigée par une assemblée d’hommes sages que l’on nommera philosophes. La destinée de la cité s’est toujours décidée au cœur du Forum.

Le forum, vous l’auriez-vu, parcouru du soleil matinal, sa pierre blanche renvoyant les clairs rayons. L’hémicycle brillant des esprits qui y siégeaient alors. L’un des hommes qui se trouvait influent en ces lieux, ce nommait Fourchenault – Ici dans le cœur d’Eorzea, il est certes moins connu que son père, le grand Louisoix ou que ses enfants, les jumeaux, Alphinaud et Alisaie.

Sharlayan, avait un but, simple et pourtant des plus complexes. Tous ces hommes de savoir ne souhaitaient qu’une seule chose : qu’on les laisse spectateur de l’histoire et qu’ils en soient les chroniqueurs. Les Sharlayanais voulaient plus que tout chroniquer les événements survenus à Hydaelyn… En aucun cas y être mêlés.

Athanor réfléchit quelques instants, avant d’ajouter dans la marge.

Chroniqueurs et non historiens. Je me plais à vous rappeler la différence – Oh combien importante – entre ces deux titres : le chroniqueur se contente d’énoncer des faits, par leurs ordres chronologiques. L’historien écrit une histoire, un peu comme le conteur, il ne gardera que sa version, celle des vainqueurs, la plupart du temps ou des Puissants. L’Historien se veut appartenir à quelqu’un, là où le chroniqueur se veut sans attache.

Athanor pensa à l’ironie de la situation, en se mettant « au service » du Maelstrom, il ne pourrait plus prétendre au titre de chroniqueur…

Mais quoiqu’il en soit, et malgré toute la bonne volonté du monde, le destin ne vous laisse que rarement agir à votre guise. Et c’est la volonté farouche – inscrite dans son ADN – d’éviter tout débordement militaire qui allait provoquer la chute de la colonie.

Mais avant d’en arriver à cette extrémité, parlons donc de la brillante Sharlayan. Vous l’avez compris, sages, philosophes, chroniqueurs. Les Sharlayanais étaient des érudits. En tant que tel, leur maîtrise de la magie et leur connaissance de l’éther surpassaient tout – même celles de l’Empire. Technologiquement très avancé – bien plus que les autres cités-états – c’était un peuple merveilleux, pacifique, avide de savoir, tolérant envers les cultes – bien que révérant principalement leur divinité tutélaire, Thaliak l’érudit.

L’Académie des Arts magiques était en tout point supérieur à tout ce que j’ai pu voir par la suite dans tout Eorzéa – surtout lorsque le voit le peu d’espace consacré à l’érudition dans les autres cités où la prétendue guilde des Erudits n’est que le locataire d’une douane.

Les « sages » connus des Eorzéens sont peu nombreux, vous trouverez Louisoix Leveilleur – qui a tendance à éclipser tous les autres dans le cœur des Grandes Compagnies – Urianger, à présent sage à son tour et la toute jeune Moenbryda en son rôle d’éthéritologue. Cette dernière n’a jamais connu la colonie.

Il y avait plusieurs cercles à Sharlayan, le plus connu… pour « l’histoire » Eorzéenne… n’est autre que le cénacle du savoir fondé par Louisoix Leveilleur, encore lui. Il l’a fondé, puis il est parti voyager aux quatre coins du continent. La particularité de cet ordre est sans doute… l’implication unique qu’il a eu … sur les évènements, à contrario même des idéaux prônés par tous les sharlayanais.

Les années se perdent dans les chronologies… mais… il y a pourtant une année décisive pour les colons…

L’ennemi de notre temps, le faiseur de poussières, l’écumeur de continent, inconnu d’hier, sur toutes les lèvres aujourd’hui, ce petit royaume – de Garlemald, pour ne point le citer – et son empereur et fondateur, avait grand appétit. En l’an 1562 de la 6ème ère Astrale, les pourparlers échouèrent – et l’Alma-Mater de Sharlayan décida du devenir de la colonie.

Ces moments, je les connais encore : après l’échec des négociations, la chute d’Ala Mhigo et la prise de conscience douloureuse qu’il n’y avait rien à faire contre ces ogres avides de territoire – si on ne souhaite pas prendre les armes.

Ainsi les Colons Sharlayanais se préparèrent à partir : ce furent de longs moments de tristesse et d’amertume qui conduisirent les préparatifs de ce retour vers Sharlayan-mère. Cinq années fastidieuses afin de fuir une défaite annoncée, un abandon salutaire pour regagner l’archipel septentrional qu’ils n’auraient peut-être jamais dû quitter.

Ce fut étonnant à voir, je vous l’assure. Imaginez… Un peu comme l’enfant qui courant en direction d’étourneaux, avant même qu’il ne les atteigne, tous se sont envolés vers les cieux, ne laissant que le silence et l’absence. La disparition de la colonie ne fut pas moins impressionnante. En un jour et une nuit, elle s’évanouit. Je ne peux que difficilement décrire l’impression écrasante du vide. Et ce vent, ces bruits qui résonnent d’autant plus que les pièces sont désespérément vides. Les bibliothèques-cathédrales parcourues de bourrasque, entrainant la poussière des ouvrages désormais absents.

Athanor s’arrêta quelques instants, devant ses yeux semblent danser de vieux souvenirs et quelques fantômes.